Le virage Manoush

Manoush, la marque connue pour son style un peu kitsh et girly, prend une nouvelle direction artistique. Rencontre avec Frédérique Trou-Roy, la créatrice de la griffe.

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Autrefois vous parliez beaucoup de vos inspirations trouvées dans les souks de Marrakech, cette époque est-elle révolue ?

Oui c’est différent,  c’est vrai que j’ai beaucoup travaillé dans les souks, je ne dirais pas que c’est inépuisable mais à un moment donné, ça ne se renouvelle pas très vite. Mais la ville bouge, il n’y a pas que les souks, il y a aussi des jeunes créateurs. Et puis il y a beaucoup de passage, il y a des japonais qui y travaillent. Ils laissent toujours des pièces par-ci par-là donc parfois on déniche des choses intéressantes…

Cette collection Printemps/Été 2014 est quelque peu différente de ce que vous avez l’habitude de présenter (des broderies et des paillettes certes mais, aussi, du néoprène et des imprimés marbres). Quelle était l’inspiration ?

L’inspiration c’est quand même une fille très adolescente – qu’on avait déjà travaillé en 2006 – tout en vichy, rayures etc. L’idée était d’avoir une “cassure” avec cet aspect un peu trop oriental afin de pouvoir se développer un peu plus en Europe. Ce qui a l’air de fonctionner, même si le côté oriental manque un peu à certaines clientes ! Quand les gens vous connaissent pour quelque chose, ils s’attendent à ce que vous leur serviez de la dorure, des broderies. Mais ça reste quand même un vêtement “fifille” qui brille et qui a beaucoup de valeur ajoutée.

Quelle est la nouvelle stratégie de Manoush ?

Nous sommes de gros vendeurs de robes et nous voudrions vendre plus de looks, c’est pourquoi on a créé des pièces plus sages. Il faut simplement que les filles  se déshabituent de la robe.

Vous redoutez les réactions des habituées ?

Non, on avait déjà fait un test avec la collection d’hiver mais on avait été trop radical. Pour moi la collection Printemps/Eté est plus fraiche et plus girly, je pense qu’elle va plaire.

Quelle est selon vous la pièce forte de la collection ?

Moi j’adore – mais je suis très “brillant” – notre veste à paillettes, qui représente bien notre savoir-faire. On a toujours une pièce à sequins que les filles mélangent à leur jean. Après, il y a aussi cette petite robe en crochet, très emblématique de Manoush puisque c’était l’une de nos premières créations en 2003.

Le bleu est très présent dans la collection, que vous évoque cette couleur ?

Dans cette collection il y a quelque chose de très adolescent, un peu comme les filles de Sofia Coppola. Beaucoup de bleu aussi. Les filles à cet âge détestent le rose, trop bébé. L’idée aussi était d’avoir un nouveau noir, d’où notre ravissant bleu nuit.

Vos accessoires vont-ils, eux aussi, perdre ce côté oriental ?

On a refait une collection de sacs cette année, on avait un peu laissé tomber car on ne trouvait pas de fabricants de qualité. Je travaillais beaucoup au Maroc et, n’étant plus là bas, ça devenait compliqué. Les paniers et les besaces marchaient très bien mais on est monté en gamme donc là on travaille avec des italiens pour un style plus classique qu’on va customiser.

Avez-vous d’autres projets en cours ?

Non pas en ce moment mais j’adorerais faire l’enfant chez Monoprix ! Les clientes nous demandent des robes pour leurs petites filles, c’est quelque chose que j’aimerais beaucoup faire…